HALQA
Le halqa marocain
traditionnel est une forme d'art populaire qui consiste à former un cercle de
spectateurs autour d'un ou plusieurs artistes qui présentent un spectacle de
conte, de chant, de danse, de mime, d'acrobatie ou de comédie. Le mot halqa
signifie "cercle" en arabe et désigne à la fois le rassemblement du
public et le genre artistique.
L'origine du halqa
Le halqa est né
au XIXe siècle dans la ville de Marrakech, sur la place Jemaa el-Fnaa, qui est
considérée comme le berceau de cet art . Il s'est ensuite répandu dans d'autres
villes du Maroc, notamment dans les marchés hebdomadaires (souks) où les
artistes venaient divertir les habitants de différents quartiers . Le halqa
s'inspire de la diversité culturelle du Maroc, en mêlant des éléments amazighs
et arabes, ainsi que des influences andalouses, africaines et juives . Le halqa
est aussi un héritage de la tradition orale qui a longtemps été le principal
mode de transmission du savoir, des valeurs et des croyances au Maroc .
Les
caractéristiques du halqa
Le halqa se
caractérise par sa spontanéité, son interactivité et sa variété. Les artistes
s'adaptent au public, à l'actualité et à l'environnement. Ils utilisent
l'humour, la satire et la critique sociale pour aborder des sujets sensibles ou
tabous. Ils font souvent appel à la participation du public, qui peut
intervenir, réagir ou même monter sur scène. Le halqa est aussi un art
pluridisciplinaire, qui combine plusieurs formes d'expression :
- Le conte : il
s'agit de raconter des histoires fantastiques, mythologiques ou réalistes,
souvent avec des personnages récurrents comme Nasreddine Hodja, le roi Hassan
II ou le Boulahrouz (le fou du village). Les conteurs utilisent un langage
imagé, poétique et proverbiale pour captiver l'auditoire .
- Le chant : il
s'agit de chanter des poèmes appelés zajal, inspirés de la littérature
populaire, en arabe dialectal marocain. Les chants sont accompagnés par des
instruments comme le guembri (luth à trois cordes), la flûte, le violon ou le
tara (tambourin) .
- La danse : il
s'agit de danser sur des rythmes traditionnels comme l'ahidous (danse
collective amazighe), le gnawa (danse rituelle d'origine africaine) ou le
chaabi (danse populaire urbaine). Les danseurs portent souvent des costumes
colorés et des accessoires comme des foulards, des chapeaux ou des épées .
- Le mime : il
s'agit de reproduire des gestes, des expressions ou des situations sans parole,
en utilisant le corps et le visage. Les mimes peuvent imiter des animaux, des
personnages célèbres ou des scènes du quotidien .
- L'acrobatie :
il s'agit de réaliser des figures acrobatiques comme des sauts, des équilibres
ou des pyramides humaines. Les acrobates sont souvent issus de familles qui se
transmettent cet art depuis des générations. Ils s'entraînent sur les plages ou
les places publiques .
- La comédie : il s'agit de faire rire le public avec des sketchs, des blagues ou des taquineries. Les comédiens jouent souvent sur les stéréotypes, les quiproquos ou les malentendus. Ils peuvent aussi faire du bessaat (imitation) ou du balarj (farce) .
L'évolution du halqa
Le halqa marocain
traditionnel est un art vivant qui se renouvelle sans cesse. Il a connu des
évolutions au fil du temps, en fonction des changements sociaux, politiques et
culturels du pays. Il a aussi été confronté à des défis, comme la concurrence
des médias modernes, la disparition de certains lieux de spectacle ou la perte
de transmission entre les générations. Néanmoins, le halqa a su résister et se
réinventer, en intégrant des influences contemporaines, en créant de nouvelles
formes artistiques ou en se produisant sur des scènes internationales. Le halqa
est aujourd'hui reconnu comme un patrimoine culturel immatériel du Maroc, qui
témoigne de la richesse et de la diversité de son identité.
Comments
Post a Comment